2002 Lincoln Blackwood, le pionnier des pick-ups premium fête ses 20 ans
GM, Ford et Stellantis se frottent les mains, les Américains n'hésitent plus à casser leur tirelire pour s'offrir un beau pick-up pleine grandeur à l'équipement raffiné et à la technologie de pointe. En août 2001, Lincoln inaugurait ce segment de truck luxueux avec son 2002 Blackwood. Hélas, tout ne va pas se passer comme prévu pour lui à cause de grossières erreurs de conception.
Juillet 1997, Lincoln lance le 1998 Navigator, un véritable OVNI qui va donner naissance à la lucrative catégorie des grands SUV bâtis sur des châssis de camions. Sûre d'elle, son beau bébé s'écoule alors à 35 000 unités par an, la marque se dit qu'elle peut reproduire ce coup de génie avec un pick-up qui demeure ainsi, cela nous donne le 2002 Blackwood, que le public connaît depuis sa présentation, sous forme d'un show car, à Détroit en 1999.
Le Lincoln prend un Ford F-150 SuperCrew comme base mais le travail de personnalisation va plus loin qu'un simple rebadging. Ainsi, il hérite d'une calandre, de certains panneaux de carrosserie et d'un intérieur spécifiques. Jusqu'ici, tout va bien sauf que voilà, la première boulette de son géniteur se trouve au niveau de la benne. Celle-ci, dont on accède via un hayon en deux parties, fait incontestablement son petit effet avec moquette au sol, inox sur les parois, éclairage à LED et couvre-tonneau à commande électrique. Si tout ceci s'avère flatteur à l'œil, ce n'est ni pratique, ni solide à l'usage. Nous avons finalement davantage affaire à grand coffre pour poser des valises et des sacs de golf qu'à un espace capable de charger du matériel de chantier. Autre écueil, si ce Lincoln s'appelle Blackwood, c'est qu'il y a une raison, il n'est disponible qu'en noir avec motifs en faux bois noir et rayures en aluminium pour la partie externe du plateau.
L'habitacle tient en revanche ses promesses avec quatre sièges recouverts de cuir Connoly, de larges consoles centrales, des inserts en chêne et un toit ouvrant. Le top de la connectivité de l'époque, en option, se compose d'un GPS avec écran de 5 pouces. Pour la sécurité passive, 4 airbags sont montés. Dehors, notons de belles jantes de 18 pouces en aluminium usiné et des répétiteurs de clignotants à LED flanqués sur les coques de rétros.
Le capot abrite un 5,4 litres V8 de 300 chevaux à 5000 tr/min et 481 nm ou 355 lb-pi à 2750 tr/min couplé à une boite automatique à 4 rapports avec overdrive. La vitesse maxi est limitée à 105 mph ou 169 km/h, Motor Trend boucle le 0-60 mph ou 97 km/h en 8,5 secondes. Pour la conso, n'espérez pas mieux que 17 mpg ou 13,84 l/100 km sur autoroute, mais en 2001/2002, tout le monde s'en fiche.
Lincoln va commettre deux autres erreurs dans la partie châssis qui vont plomber la carrière du Blackwood. Si la suspension arrière à air apporte un plus, ce truck n'est hélas disponible qu'en deux roues motrices, ce qui ne va pas l'aider à accroître sa cote de popularité dans les régions aux hivers rudes. Pourtant, cela ne favorise pas vraiment la capacité de charge maxi, bien faiblarde, de 1200 livres ou 544 kg. En clair, si vous voyagez à quatre, voyagez léger. La capacité de remorquage de 8700 livres ou 3946 kg présente mieux.
Le 2002 Lincoln Blackwood s'affiche à 53 000 dollars, 70 000 bons dollars en 2021, ce qui va finir par refroidir une clientèle qui ne se montrait pas aussi encline qu'aujourd'hui à dépenser autant. Le groupe Ford espérait en vendre 10 000, seuls 3356 exemplaires seront produits, dont 50 Neiman Marcus (6000 dollars supplémentaires) avec logos brodés, lecteur de DVD avec écran LCD 7 pouces + écouteurs sans fil, compartiment chauffant et réfrigérant, certificat d'authenticité. Après une courte carrière d'un an, aux USA et au Mexique (qui connut un millésime 2003) mais pas au Canada, il disparaît dans l'indifférence générale.
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