Chevrolet Volt (2010-2019)

La Chevrolet Volt vient de partir par la petite porte, sa production s'est arrêtée le 15 février sur le site de Detroit Hamtramck qui, lui même, fermera son rideau en janvier 2020. Retour sur celle qui devait révolutionner le paysage automobile et qui s'avère être un échec.

L'histoire de la Volt débute pourtant bien. Présentée sous forme de concept en 2007, elle reçoit rapidement un feu vert à une commercialisation que l'administration américaine, soucieuse d'avoir des autos plus sobres sur les routes, s'empressera de ne pas remettre en cause lors du sauvetage de GM en 2009. Le bébé de Bob Lutz sort en décembre 2010, le premier exemplaire (photo) restera probablement le plus onéreux, vendu aux enchères en ligne, Rick Hendrick se l'offre pour la coquette somme de 225 000 dollars.

Fin 2010-début 2011, les médias sont déjà tous en mode "Greenwashing" et une pluie de récompenses tombe sur la Chevy, voiture de l'année 2011 pour le NACOTY, voiture canadienne de l'année, voiture électrique de l'année en Chine, sans oublier divers magazines, dont Motor Trend, le Green Car Journal et même...Playboy. De plus, l'auto ne se rate pas aux épreuves de crash-tests, la NHTSA lui accorde 5 étoiles. Fier de son rejeton, GM communique beaucoup (Super Bowl, Glee), parle d'embauches pour booster la production, d'une finition plus attractive et annonce une prochaine arrivée en Europe. Autre bonne nouvelle, des stars s'en portent acquéreurs et le font savoir, Stephen King, Jeff Gordon, Jay Leno, Alyssa Milano et Alexandra Paul font partie de la liste.

Hélas, les polémiques vont vite tomber en nombre sur la Volt. Parmi elles, notons la remise en cause de son statut de voiture électrique, celle de son titre de voiture de l'année en Amérique du Nord, son prix, les aides fiscales, son coût de production, etc...Sans oublier Consumer Reports qui conclut, à l'issu de son essai, que l'acheter n'a objectivement aucun sens.

La Chevrolet Volt devient disponible sur l'ensemble du territoire américain en juin 2011 et annonce une baisse de tarif du modèle 2012 en trompe l'œil, à équipement équivalent, elle coûte 990 dollars de plus que le millésime 2011. Pis, la production cesse jusqu'à la mi-juillet, officiellement pour pouvoir installer les "nouvelles fonctionnalités" 2012 imaginaires. GM, adepte de la méthode Coué, maintient que la demande reste supérieure à l'offre et que tout va bien. À l'automne, Consumer Reports recommande finalement la VE.

La fin de l'année 2011 et le début de l'année 2012 s'avère être une terrible période pour la Volt. Un exemplaire crashé par la NHTSA et garé durant trois semaines prend subitement feu, déclenchant une enquête de l'agence, l'inquiétude des clients et les foudres des politiques (le patron de GM Dan Akerson passe devant une comission du Congrès). De plus, l'objectif des 10 000 ventes en 2011 est officiellement abandonné, il ne s'en écoule que 7 671 aux USA. À ce moment là, la Chevy ne fascine plus que les extratarrestres, c'est du moins ce qu'elle essaye de faire croire dans une publicité diffusée au Super Bowl XLVI. les autres lui tournent le dos. Seule consolation, le titre de voiture de l'année 2012 en Europe.

Pour le millésime 2013, la Volt peint son hayon de la couleur de la carrosserie (il était auparavant noir), l'autonomie en mode électrique augment un petit peu, au contraire du temps de charge qui, lui, est en baisse. Le prix, lui, ne bouge pas. Malgré ces efforts, les arrêts de production demeurent et les livraisons ne décollent pas. Celle qui devait se vendre en 45 000 exemplaires en 2012 et 60 000 exemplaires en 2013 n'en trouve qu'à peine plus de 23 000 durant ces deux années puis tombe à 18 805 unités en 2014, malgré une facture allégée de 5 K$, et 15 393 unités en 2015, malgré une batterie légèrement plus grosse (17,1 kWh).

C'est toujours à Détroit, en 2015, que Chevrolet lève le voile sur la seconde génération de Volt. Style contemporain, autonomie (50 miles ou 80,5 km en mode électrique) et performances en hausse, recharge simplifiée, composants venant principalement des USA ou du Canada, etc...Elle promet beaucoup pour 1 200 dollars de moins que sa devancière. La version Holden, avec volant à droite, n'est pas reconduite, l'Australie est en effet un petit peu l'enfer de la VE.

La mayonnaise paraît bien prendre, la Volt part en 24 739 exemplaires aux États-Unis et réalise sa meilleure année. Hélas, la situations se gâte vite, principalement pour deux raisons. Tout d'abord, la clientèle se tourne vers les SUV et multisegments, ce qu'elle n'est pas. Ensuite, elle se prend de plein fouet la concurrence interne de la Bolt EV, une voiture électrique pure à forte autonomie qui rend du coup le moteur thermique (donc polluant) de la Volt moins indispensable. En 2017 et 2018, les ventes américaines tombent respectivement à 20 349 et 18 306 unités. Le modèle 2019, le dernier, voit son temps de charge fondre de 50%, insuffisant pour sauver la Volt, dommage collatéral, ou pas, de la fermeture programmée de Detroit-Hamtramck.

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