Cadillac Cimarron, étude d'un échec

Début des années 80, le second choc pétrolier reste frais et les Japonais montrent les crocs. Face à cette situation, Cadillac doit s'adapter et sortir un modèle compact, ce sera la Cimarron. Hélas, la voiture est un échec, pis elle va durablement porter atteinte à l'image de la marque premium de GM. Pourquoi tant de haine allez-vous me demander ? Réponse ci-dessous.

Première erreur, la plateforme J-Boby. Sur le papier, tout va bien, il s'agit d'une traction dont l'empattement est de 2,57 mètres ou 101,2 pouces. Résultat, nous obtenons la plus petite Cadillac depuis très longtemps. Problème, ces soubassements sont avant tout pensés pour les marques populaires de GM, aux États-Unis comme à l'international, leurs prestations n'ont absolument rien de premium.

Ensuite, pourquoi se fatiguer (ou dépenser de l'argent) à maquiller l'affaire sous un joli design quand il suffit d'élargir le rebadging des Buick Skyhawk, Pontiac J2000, Oldsmobile Firenza et Chevrolet Cavalier à Cadillac ? Ce stupide raisonnement n'est ni plus ni moins que celui des cadres dirigeants de GM de l'époque (et pas que de celle-ci hélas mais c'est une autre histoire).

Jusqu'ici tout va mal mais le géant de Détroit ne s'arrête pas sur sa lancée, il loge sous le capot de ce qui s'annonce déjà comme un désastre un pauvre 2 litres de 88 petits chevaux et 136 nm ou 100 lb-pi couplé, accrochez-vous, à une boite manuelle à 4 rapports de série, une premières depuis trois bonnes décennies, dans un pays où le consommateur n'achète en gros que des transmissions automatiques. Une BVA3 reste heureusement disponible. Malgré sa faible puissance, le marketing, qui ne doute de rien, tente de faire croire au consommateur qu'il tient là "l'esprit sportif de Cadillac", si, si !

Cerise sur le gâteau, à moins qu'il ne s'agisse du dernier clou sur le cercueil, la facture. Une Cadillac au rabais doit être vendue au rabais n'est-ce pas ? Pourtant, le client devait sortir 12 000 dollars minimum de sa poche pour s'offrir une Cimarron, le double d'une Chevrolet Cavalier ou d'une Pontiac J2000 à équipement équivalent, sellerie cuir exeptée. Autre exclusivité, un toit ouvrant coulissant en verre Astroroof optionnel, avouez que c'est bien peu.

Dans un éclair de lucidité, Cadillac se rend compte que la Cimarron n'est pas assez premium, il enrichit l'équipement et opère un petit lifting dès 1983. Ce dernier constitue la parfaite occasion pour lancer l'édition limitée D'Oro (peinture noire, accents dorés). Mi-1985, un 2,8 litres V6 de 125 chevaux et 210 nm ou 155 lb-pi est ajouté, toujours avec BVM ou BVA, il devient la seule offre en 1987.

Ces efforts s'avèrent sans surprise infructueux, la Cadillac Cimarron n'atteint même pas les 20 000 ventes de moyenne entre sa sortie et 1986, elle part en moins de 15 000 unités l'année suivante. Conséquence logique, GM jette l'éponge, le millésime 1987 est le dernier, la Cimarron disparaît dans l'indifférence générale et sans succession.
Via Auto Editors of Consumer Guide, Automobile Catalog, quelques pubs d'époque

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