Pontiac Fiero, une bonne idée qui vire au désastre

Elle devait être LA sportive au look sympa et au prix accessible pour le commun des mortels, la Pontiac Fiero est finalement devenue l'un des plus jolis désastre de General Motors qui n'en manque, soyons objectifs, pourtant pas. Revenons sur cette auto qui méritait un autre sort.

L'idée du'une sportive à deux places et petit prix prend forme dès 1964 avec le prototype XP-833, la Pontiac Banshee (carrosserie en fibre de verre, 80% de pièces partagées avec d'autres Pontiac). À l'époque, le catalogue de la marque comprend certes quelques voitures de caractère, comme la GTO, mais rien qui puisse concurrencer une Corvette Sting Ray ou, pis finalement, la Ford Mustang. Hélas, les dirigeants de GM ne voient pas de débouché pour un tel modèle, Ils ne veulent pas non plus d'une Corvette au rabais qui pourrait lui faire de l'ombre, et le projet est mis au placard.
En 1978, le groupe d'ingénierie avancée de Pontiac, alors dirigé par Hulki Aldikacti, remet l'idée d'une sorte de Banshee sur la table en y ajoutant un petit plus, un moteur placé en position centrale arrière. Après quelques réticences, ce qui devient le projet P-Car est approuvé, simplement, il ne s'agit plus d'une sportive mais d'un coupé économique capable d'atteindre les 50 mpg (4,7 l/100 km), rappelons que nous sommes alors en plein choc pétrolier.

Aldikacti et ses hommes se retrouvent néanmoins face à une énorme contrainte, ils doivent composer avec un ridicule budget de 420 millions de dollars, outillage du site d'assemblage compris. Du coup, le développement est externalisé chez Engineering Technology Ltd (ENTECH), une entreprise située à Troy, Michigan, le design est quant à lui confié à l'Advanced Design Three Sutdio dirigé par Ron Hill. Outre les économies réalisées, cela permet d'écarter les contraintes bureaucratiques de GM. Hélas, ce mouvement reflète également le peu d'intérêt porté par Pontiac à cette auto.

Pour contenir les coûts, Aldikacti et ENTECH font leur marché chez les X-Cars, des tractions à bas prix (Chevrolet Citation, Pontiac Phoenix) lancées lors du millésime 1980. En effectuant une rotation à 180 degrés, et quelques légers changements, ils pouvaient installer la suspension avant McPherson et la transmission de ces autos à l'arrière de la P-Car. Pour sa suspension avant, celle de la Chevrolet Chevette fait l'affaire. Le rêve d'un V6 en alu est oublié, il est initialement prévu d'installer un 1,8 litre, finalement, le 2,5 litres Iron Duke est retenu parce que le cahier des charges se voit soulager des contraintes en terme de consommation. Dernier point, la direction assistée est purement et simplement zappée.
En 1983, la production de la 1984 Pontiac Fiero débute et ses atouts sont sérieux, il s'agit de la première voiture à moteur central arrière et petit prix vendue aux USA par un constructeur local et sa carrosserie en plastique brille aux crash-tests, de plus elle se montre facilement modifiable par les préparateurs (qui ne se gênent pas pour le faire). Ok, avec un 0-60 mph ou 96 km/h en 11,3 secondes et une vitesse maxi de 105 mph ou 169 km/h, difficile de parler de dragster mais le concept, un ticket d'entrée de 7 999 dollars et une bonne campagne de communication (avec l'aide de Hall & Oates), permettent d'atteindre le résultat non négligeable de 136 840 livraisons durant la première année. Au passage, la Fiero est la pace car officielle des 500 miles d'Indianapolis.
Le modèle 1985 voit l'ajout d'un 2,8 litres V6 de 140 chevaux au catalogue mais les ventes déclinent d'ores et déjà à 76 371 unités. Un an plus tard, la GT, avec son toit style "fastback" qui fait que certains la confondent avec une Corvette, permet à la Fiero de remonter la barre à 83 974 unités mais cela reste bien en dessous des objectifs de GM.
1987 est l'année où tout s'effondre pour la Pontiac. Pour loger le 2,5 litres Iron Duke dans le petit compartiment moteur, le carter d'huile est sacrifié, trop petit, il n'offre en gros jamais 100% de l'huile dont le moteur a besoin, d'où de nombreuses surchauffes. Cette faute engendre des incendies en cas de conduite trop sportive. Les ingénieurs corrigent le tir en installant un plus gros carter d'huile ainsi qu'une prise d'air sur le compartiment moteur (la mécanique passe de 92 à 98 chevaux) mais le mal est fait, (d'autant qu'il convient bien de noter un autre soucis, GM n'est pas à la pointe de la qualité dans les années 80 et cela se voit), seules 46 581 Fiero sont vendues en 1987. Malgré des suspensions et un freinage revus en 1988 et l'absence de soucis pour les propriétaires de ce millésime, le succès ne revient pas et la Fiero sort par la petite porte.

Via Jalopnik, GM Parts Center

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