American LaFrance (1873 - 2014)

Le vieux spécialiste des véhicules d'incendie et de secours American LaFrance a cessé ses activités le 17 janvier dernier en annonçant la fermeture de ses trois usines de Monks Corner, Caroline du Sud, qui était la principale, Ephrata, Pennsylvanie, et Los Angeles. Le communiqué cite des problèmes financiers insurmontables pour justifier cette décision. La descente aux enfers de cette vénérable entreprise aura pris à peine plus de 10 ans.

- En 2002 ALF, propriété de Freighliner lui-même filiale de Daimler, déménage de la Caroline du Nord à North Charleston en Caroline du Sud. L'objectif est la création de 800 emplois et la production de 4 500 camions de pompiers, d'ambulances ou de camions-bennes dans les deux ans qui suivent.
- En 2005, aucun de ces objectifs chiffrés n'est atteint et le site ne produit pas assez pour être rentable. Freighliner jette donc l'éponge et vend ALF au fond d'investissement Patriarch Partners dirigé par une certaine Lynn Tilton. Cette dernière semble faire preuve de bonne volonté. Elle affirme que son intérêt pour American LaFrance s'est renforcé après les attentats du 11 septembre quand elle a vu les pompiers entrer dans le World trade Center pour secourir les gens. Elle déclare en 2006 à The Post and Courier "lorsque j'ai eu l'occasion d'acheter cette entreprise, il était important pour moi de servir ceux qui nous ont servi".
- Patriarch veut une nouvelle usine mais aussi un nouveau siège social sur le campus de Charleston Southern University. Ce curieux plan ne verra pas le jour et ALF installe le tout quand la zone de Jedburg. Le siège social prend le look d'une caserne de pompiers.
- Hélas les problèmes financiers surgissent très vite. Les pertes s'établissent à 104 millions de Dollars entre 2006 et 2007. En 2008, American LaFrance passe sous Chapitre 11 avec une ardoise de 200 millions, dont 154 qui sont dus à la société-mère.
- Par la suite, ALF n'en finit plus d'agoniser avec comme symbole de la déchéance pas moins de six CEO en autant d'années qui se succèdent. Tilton saisit chaque occasion pour reconnaître son erreur. Par exemple, elle déclare au Wall Street Journal en 2011 "c'est un achat que j'ai fait avec mon cœur plus qu'avec ma tête".
- Vendredi 17 janvier 2014, les presque 150 salariés de ALF à Monks Corner apprennent à 17 heures au moment de partir en weekend qu'ils ne reviendront plus travailler. Ils laissent 5 camions dont l'assemblage est plus ou moins avancé.
Les productions de ALF n'étaient pas exemptes de défauts de fabrication mais les professionnels se montraient tolérants car le nombre de pièces de ces engins est énorme. Le problème pointé du doigt par ceux-ci vient plutôt le SAV qui n'assurait pas son travail derrière.
Les premières trace d'ALF datent de 1832 avec ses ancêtres qui fabriquent des engins de lutte contre le feu qui se tractent à la main, avec des chevaux ou à la vapeur.
En 1973 Truckson LaFrance et ses partenaires fondent LaFrance Manufacturing Co. spécialisé dans les équipements anti-incendies.
En 1903 apparaît American LaFrance Fire Engine Co. à Elmira dans l'Etat de New York. Il produira des milliers de camions de pompiers durant le XXème siècle.
En 1995, Freighliner achète American LaFrance.

Via The Post and Courier, photos via ALF

PS : Notez que le North Charleston and American LaFrance Fire Museum poursuit normalement son activité.

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