1970 Plymouth Superbird "EPA Bird", chasseuse d'avions

L'aviation américaine et les muscle cars, un long amour. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder les voitures garées dans les parkings des bases de l'US Air Force durant les sixties. Nous trouvons des GTO, Road Runner, Cobra Jet, 442, Stage 1, Charger R/T sans oublier la Corvette 427 de la coqueluche des pilotes d'essai de la NASA Chuck Yeager. En 1970, l'EPA est créée pour étudier et réguler les pollutions d'origine humaine. C'est dans le cadre de sa mission qu'elle va acquérir la 1970 Plymouth Superbird "EPA Bird".

Le projet initial pour mesurer les émissions polluantes des avions à réaction consistait à poser les moteurs dans des cellules de charge et de fabriquer des appareils pour simuler le train d'atterrissage. Finalement, l'affaire est abandonnée car trop éloignée de la vraie vie. L'agence fédérale opte pour la solution suivante, équipée une automobile de tous les appareils de mesure nécessaires et suivre les Boeing, Lockheed, McDonnell-Douglas, etc...Sur la piste de décollage. À la tête de ce programme, nous trouvons John Moran, un cadre de Dow Chemical qui faisait alors la liaison entre son entreprise et le coureur de NASCAR Ray Nichels qu'elle sponsorisait.
Noran a besoin d'une voiture capable de suivre un avion à 120 mph ou 193 km/h, il s'adresse à Nichels Engineering situé à Griffith, Indiana, dont de nombreuses Dodge et Plymouth brillent en NASCAR. Nichels transmet son offre à l'EPA, 25 000 dollars sont suffisants pour une modèle convenable et modifié pour atteindre 140 mph ou 225 km/h avec tout le matériel dedans mais surtout, dans de bonnes conditions de sécurité. L'agence approuve l'offre et Nichels travaille vite.
Notre homme achète une 1970 Plymouth Superbird Alpine White d'occasion avec seulement 1 300 miles ou 2 092 km au compteur. Il ne change pas le 7,2 litres (440 CID) Commando de 375 chevaux mais il remplace la boite auto TorqueFlite (placée à côté du volant) et la banquette avant par une boite manuelle à 4 rapports Chrysler A833, qui permet un meilleur contrôle de la vitesse, et des sièges de 1970 Dodge Charger. Un second alternateur est monté pour assurer du courant aux appareils de mesure.
Derrière, Nichels jette la banquette et installe un panneau plat avec des onduleurs électriques, trois batteries auxiliaires et une radio bi-directionnelle. Le reste du matériel de l'EPA va dans le coffre, en particulier les "échantillons Anderson", des bonbonnes en acier inoxydables de 4 pouces ou 10,16 cm qui récupèrent les particules et vapeurs rejetées par les avions à 120 mph. Une cage de sécurité et des harnais multipoints sont installés. La voiture est repeinte en bleu, couleur de l'EPA, et des badges de l'agence sont ajoutés. Le toit en vinyle ne bouge pas.
L'EPA et Noran prennent livraison de la Superbird en mai 1972 et commence alors l'un des programmes de test les plus étonnant de l'aviation civile. La voiture efectue sa première à l'aéroport international de Washington DC. Noran se postionne derrière un avion de Eastern Airlines paré au décollage. Malgré les 14 000 livres ou 6,35 tonnes de poussée d'un turboréacteur Pratt & Whitney, la Plymouth, bien que secouée, reste sur ses 4 roues à 100 mph ou 161 km/h. Mieux, elle demeure en ligne droite durant les 40 secondes nécessaires au recueil des émissions polluantes. La muscle car est définitivement validée par les fédéraux.
Plus tard, Noran utilise l'EPA Bird pour mesurer la poussière dégagée par les freins et les pneus. Il apparaît alors que celle des gommes est d'un demi-gramme par mile (1,61 km), soit le double de matière solide, le genre qui part dans nos poumons, produit par le pot d'échappement. Ce résultat va jouer un rôle pour la conception des pneus modernes. Les rejets de gaz d'échappement et d'essence ont également contribué à l'établissement de la législation américaine contre les polluants.
Après quelques années d'utilisation, la 1970 Plymouth Superbird est stockée puis vendue aux enchères en 1979 comme l'une de ses banales congénères. Un professeur d'école de mécanique, Wilber Walker, s'en porte acquéreur pour 500 petits dollars. Il retire le matériel de mesure mais le conserve dans un coin. Il la revend en 2005 à son actuel propriétaire avec une condition, la refaire dans sa configuration EPA. Barrett-Jackson la passera sous le marteau mi-octobre à Las Vegas.

Via Barrett-Jackson

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